Source : Le Soir 27/5/22
Par Guillaume Raedts, Xavier Thirion,Frédéric Larsimont
Sans Vincent Kompany, Anderlecht fait face à un énorme chantier
Le désormais ancien entraîneur du Sporting avait aidé son club de cœur à se reconstruire. L’ex-capitaine des Diables rouges étant parti, la direction mauve va devoir trouver un nouveau coach pour (re)bâtir des bases solides et poursuivre sa progression.
Vincent Kompany est parti, mais ses idées, ou du moins une partie d’entre elles, doivent rester.
QUEL COACH, QUEL STAFF ET QUEL MERCATO?
Se trouver un nouvel entraîneur, au plus vite, et pour qu’il soit déjà en place pour la reprise des entraînements, le 20 juin : c’est le défi que les dirigeants anderlechtois auraient à tout prix voulu éviter durant ce mercato estival.
C’est pourtant leur mission essentielle, désormais. Si Peter Verbeke et son équipe veulent réaliser une campagne de transferts cohérente, c’est évidemment en concertation avec le nouveau T1 qu’ils devront y parvenir. Connaissant le CEO du RSCA qui a toujours cinq ou six profils par position dans son ordinateur, c’est certainement le cas, aussi, pour des entraîneurs. Mais c’est Felice Mazzù qui tient la corde.
Quoi qu’il en soit, le nouveau coach devra compter sur un nouveau staff lui aussi renouvelé, l’objectif étant de ne plus fonctionner exclusivement avec des « proches » du T1, comme c’était le cas depuis deux ans avec Kompany. Une gageure, alors que Mazzù voudrait prendre tout son staff avec lui ?
On s’attend à un mercato tous azimuts, donc, à Neerpede. Dénicher de nouveaux talents, les convaincre de rejoindre le parc Astrid mais aussi réussir des prêts aussi improbables que sportivement rentables devra désormais se faire sans l’intervention de Vincent Kompany. Ce sera tout sauf évident, quand on sait que des éléments tels que Nmecha, Zirkzee, Kouamé ou Gomez, pour ne citer qu’eux, n’auraient probablement jamais rejoint Bruxelles si Kompany ne les avait pas convaincus de l’intérêt de son projet.
Les priorités mauves sont connues en matière de transferts pour la prochaine campagne : un nº9, un joueur offensif « pocket » du style Amuzu, un milieu défensif susceptible de pallier le départ de Cullen, un back droit venant combler le transfert attendu de Murillo et peut-être aussi un back gauche en fonction de l’évolution de la situation de Gomez (blessure et/ou transfert). Le travail est déjà en cours depuis un moment, à l’ombre de saint Guidon, mais le réseau de « Vince the Prince » ne pourra plus faire de miracles.
QUELLE PHILOSOPHIE?
A Anderlecht, une chose est claire: on ne veut plus qu’un homme ou un joueur soit au-dessus de l’institution. Le club et sa politique doivent primer sur tout le reste. Depuis la nuit des temps, la volonté des dirigeants bruxellois qui se sont succédé est toujours la même: développer un jeu attractif, offensif et porté vers l’avant. Le fameux «ADN» anderlechtois qui a toujours été mis en avant par les dirigeants bruxellois depuis leur prise de pouvoir.
C’est ce que Vincent Kompany s’est évertué à faire. Parfois même à l’excès. Il ne devrait pas en être autrement pour le prochain entraîneur anderlechtois, censé défendre une philosophie de football offensif teinté de réalisme. Cela permettrait de pouvoir utiliser une bonne partie du noyau actuel, le Sporting n’ayant ni le temps, ni l’énergie et ni l’argent de repartir complètement de zéro.
Il n’est pas question, non plus, de changer son fusil d’épaule par rapport à la politique des jeunes, accélérée à l’ombre de Saint-Guidon depuis quelques années. Le futur T1 devra s’engager à s’appuyer sur les pépites de Neerpede pour déployer son projet de jeu. L’ombre de «René Weiler» qui à l’époque avait pratiquement boycotté le centre de formation à l’exception d’éléments comme Youri Tielemans ou Leander Dendoncker, plane encore au-dessus du Lotto Park.
QUELLES AMBITIONS POUR LA SAISON PROCHAINE?
En finissant troisième, Anderlecht a atteint son grand objectif de la saison. Du moins théoriquement car les patrons anderlechtois restent convaincus qu’il y avait moyen de faire mieux avec le noyau 2021-22. Le titre, et bien sûr la Coupe de Belgique, ils en rêvaient depuis l’été dernier. Un ticket européen, a fortiori pour les préliminaires plus que jamais aléatoires de la Conférence League, était vraiment le strict minimum. Voire un échec dans l’esprit des patrons mauves. Bref, c’est bel et bien la première place et un 35e titre que le RSCA visera dès la saison prochaine. Le Sporting n’est pas encore redevenu un club riche mais ses finances sont à nouveau saines. Sportivement, la barre sera placée très haut dans quelques semaines avec, inévitablement, une pression directement très forte sur les épaules du nouvel entraîneur. Voire insoutenable lorsque les résultats – et la manière – ne seront pas au rendez-vous?
QUID DES JEUNES?
Si l’incertitude concernant l’avenir de Vincent Kompany a été levée, le projet anderlechtois visant à incorporer des jeunes dans le noyau «A» ne devrait pas bouger d’un iota dans les mois et les années à venir. D’abord en raison de la situation budgétaire interdisant aux dirigeants bruxellois de faire des folies. Ensuite parce que le centre de formation de Neerpede constitue une mine d’or tant sportive que financière, Julien Duranville en étant le dernier exemple en date. Conscient que c’est à eux qu’il devra son salut, le RSCA a démontré dans les jours précédant la fin de l’ère «Kompany» que les jeunes demeuraient sa priorité. En témoigne la prolongation de contrat de Kristian Arnstad quelques jours après celle de Zeno Debast mais également le premier contrat professionnel signé par quatre jeunes éléments de Neerpede. Dont le fils de l’ancien gardien de but de Lokeren, Copa Boubacar. Le nouveau T1 sera contraint d’en tenir compte. Sans forcément tomber dans l’excès, comme ce fut le cas à certaines périodes sous Vincent Kompany, mais en trouvant le juste équilibre entre expérience et jeunesse.
Il a bien relancé Arnstad en cette fin de saison.Il a bien relancé Arnstad en cette fin de saison.
QUELLES CONSÉQUENCES POUR VANDENHAUTE-VERBEKE?
Paratonnerre par excellence lorsque Marc Coucke et Michael Verschueren l’ont fait revenir au parc Astrid au printemps 2019, Vincent Kompany l’était paradoxalement toujours pour Wouter Vandenhaute et Peter Verbeke ces derniers mois. Cela fait trois ans que Kompany évite au RSCA de vivre une crise permanente. Aucun autre coach que lui ne serait parvenu à exiger autant de patience de la part des supporters anderlechtois. Lesquels étaient, pour la plupart, toujours prêts à prendre la défense de leur icône. Sans pour autant l’épargner quand les déceptions étaient à la mesure des attentes, énormes, placées dans le projet du renouveau.
Vincent Kompany a, souvent à juste titre, dû encaisser beaucoup de critiques ces derniers mois, mais ses épaules étaient suffisamment larges pour encaisser les coups. Et pour épargner ses patrons. En choisissant de se séparer de Kompany, le management bruxellois n’a pas opté pour la facilité. Les supporters anderlechtois ainsi que Marc Coucke attendent désormais tout ce beau monde au tournant